Arête d’Espadas

Constituant une des plus belles courses d’arête du massif pyrénéen, cet itinéraire long de trois kilomètres démarrant du col d’Eristé et aboutissant au col Jean Arlaud propose un voyage suspendu au-dessus de 3000 mètres dans le schiste du Posets.

L’ascension facultative du Pic de la Forqueta à l’aller et de la dent de Llardana au retour permet d’avoir une vue privilégiée et spectaculaire de l’arête parcourue.

Point culminant de ce parcours, le pic de Posets, “vice-roi” des Pyrénées souvent délaissé et mal aimé a été gravi pour la première fois en 1856 par le britannique Halkett guidé par les luchonnais Pierre Redonnet et Pierre Barrau. Ce n’est que quelques années plus tard, en 1864 que le comte Russell en foula la cime et y prêta les mots suivants : “ La vue du pic Posets est d’une splendeur incomparable. C’est la plus belle et la plus étendue de toutes les Pyrénées. Une grande hauteur et l’isolement, tel est peut-être le secret de cette magnificence. Aucun voisin : rien que le vide”.

Enthousiasmé et épris par ce massif, il y retourna plusieurs fois et renforça son lien indéfectible avec la vie en hauteur “Mais qui niera qu’il y ait un magnétisme, une sorte d’ivresse, dans la vie libre qu’on mène là-haut, et dans le fait de se servir de la nature, des rochers, des sapins, des ruisseaux, au lieu des hommes, et de leurs inventions plus ou moins inutiles et coûteuses ? Il est incontestable qu’on est heureux sur ces sommets perdus, où soufflent d’une voix lugubre les vents de l’infini”.

La première ascension du pic de Posets par l’arête Espadas fût réalisée en 1914 par Henri Brulle et son fils Roger, accompagnés par Henri Motas d’Hestreux et leur guide Germain Castagné. Ce parcours, long et exigeant qui permet de gravir huit sommets à plus de 3000 mètres demeure une excursion à la fois sauvage et introspective. Et le comte s’exclamait “Quelle solitude ce pays ! Mais comme c’est bon pour l’âme !”.

Itinéraire : Refuge Viados (1740m) - Col d’Eristé (2864m) - Pic de la Forqueta (3011m) - Dent Royo (3010m) - Pic des Pavots (3124m) - Pic d’Espadas (3332m) - Pic d’Espadas N (3325m) - Tuca de Llardaneta (3273m) - Pic de Posets (3375m) - Col Jean Arlaud (3260m) - Dent de Llardana (3094m) - Col de Jean Arlaud - Lac de Llardaneta (2676m) - Col d’Eristé - Refuge Viados.

« Ne pas dire « Je n’ai pas de chance, voici ce qui m’est arrivé », mais : « J’ai de la chance, malgré ce qui m’arrive, je demeure sans chagrin, le présent ne me brise pas, l’avenir ne m’effraie pas ». Car ce malheur eût pu arriver à tout le monde, mais tout le monde n’aurait pas persisté à n’être pas chagriné. Donc, en quoi l’événement est-il une malchance plus que la constance une chance ? De façon générale, appelle-t-on malchance ce qui n’empêche pas l’accomplissement de la nature humaine ? Crois-tu que ce qui ne s’oppose pas à son dessein naturel empêche l’accomplissement de sa nature ? Allons ! Tu le connais bien, ce dessein ! Est-ce que par hasard ce qui t’arrive t’empêche d’être juste, empêche la grandeur d’âme, la tempérance, la prudence, pousse au jugement précipité, mensonger, annule le respect de soi, la liberté, tous les bénéfices qui lui sont propres ? En somme à chaque occasion qui te pousse au chagrin, souviens-toi d’appliquer ce principe « ce n’est pas une malchance et le supporter noblement est une chance ».  »
— Marc Aurèle, "Pensées pour soi".
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